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FICHE Comprendre le bilan des banques
Fiche
Comprendre le bilan des banques
Les comptes de l'éco
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Les banques sont des acteurs économiques essentiels non seulement parce qu’elles contribuent au financement de l’économie mais aussi et surtout parce qu’elles créent la monnaie qui circule dans l’économie. Il est donc essentiel de comprendre ce que recouvre le terme banque et quelles sont leurs activités. L'analyse des bilans des banques montre comment les activités bancaires ont évolué au cours des dernières décennies. D’abord principalement centrées sur la collecte des dépôts et l’octroi de crédits aux agents économiques, les banques se sont de plus en plus tournées vers les activités de marché. Quelles sont les activités menées par les banques ? Les activités traditionnelles des banques comprennent la réception et la gestion des dépôts du public, l’octroi de crédits et la gestion des moyens de paiements Les banques peuvent aussi exercer des activités de financement ou de marché qui incluent pour l’essentiel les services d’émission de titres (actions et obligations) pour le compte de clients (grandes entreprises et Etats), la tenue de marché (assurer la liquidité d’un titre - voir notre fiche dédiée) sur le marché en se portant en permanence acheteur ou vendeur de ce titre), la gestion et la vente de produits dérivés et le trading pour compte propre. On parle alors d’activité de banque d’affaires ou de banque de financement et d’investissement. Historiquement, le secteur bancaire était très règlementé Pour ces banques « universelles », la réglementation impose cependant toujours la séparation de certains métiers financiers dans des filiales spécifiques. Il s’agit d’abord de l’assurance, activité qui fait l’objet d’une réglementation spécifique différente de la réglementation bancaire. Ensuite, les banques ont des filiales de gestion d’actifs. Ces filiales placent l’épargne des clients dans des produits d’investissements (fonds de placement, etc…). Cette activité fait également l’objet d’une réglementation spécifique. Ni l’assurance ni la gestion d’actifs ne sont intégrées dans les bilans comptables des banques, et ne sont donc pas présentées dans les analyses de bilan de la présente fiche. Comment lire le bilan d’une banque ? Le bilan est une sorte de photographie à un instant donné (en général en fin d’année) du patrimoine d’une société. On trouve à l’actif tout ce qu’elle possède (la façon dont elle utilise ses ressources financières) et au passif tout ce qu’elle doit (la façon dont elle se procure ses ressources financières). L’analyse du bilan des banques permet de comprendre quelles sont les activités qu’elles mènent et la façon dont elle se financent. Voici le bilan agrégé de tous les établissements de crédit établis en France Le bilan détaillé se trouve en annexe. Source Les chiffres du marché français de la banque et de l'assurance 2019 (graphiques 11 et 12), ACPR
Comment est constitué le bilan d'une banque ?
Que nous disent l’évolution des bilans des banques sur les dernières décennies ? Les deux graphiques ci-dessous retracent l’évolution du passif et de l’actif des établissements de crédit établis en France depuis 1993. On peut déjà constater la très importante croissance du bilan des banques, multiplié par 5 en moins de 30 ans. Elle reflète la part croissante de la finance dans l’économie. Composantes de l’actif des institutions de crédit résidant en France (en milliards d’euros)Source Données du marché français de la banque 2019, ACPR (tableau G11)
Composantes du passif des institutions de crédit résidant en France (en milliards d’euros)Source Données du marché français de la banque 2019, ACPR (tableau G11)
Si les chiffres fournis par l’ACPR Remonter ainsi dans le temps permet de constater à quel point l’activité de crédit à l’économie s’est réduite en proportion du total de bilan des banques. Pour l’ensemble des établissements de crédit français, les prêts « classiques » à l’économie qui représentaient 84% de l’actif du bilan du secteur en 1980 n’en représentent plus que 30% en 2019 Comme expliqué sur le site du ministère : « C’est la conséquence du financement des banques sur les marchés financiers où elles tiennent un rôle majeur en y intervenant soit pour leur propre compte (détention directe de titres) soit pour le compte de tiers ou en tant qu’apporteur de produits financiers ou de teneur de marché ». Précisons que les activités pour compte propre sont tout simplement des activités « spéculatives » visant uniquement à améliorer les profits bancaires. Notons, par ailleurs, que si le crédit a fortement diminué en proportion des activités bancaires totales, la croissance des encours de crédit a malgré tout été très rapide depuis les années 2000. Entre 2000 et 2019, le crédit à la clientèle en France a été multiplié par 2,6 alors que le PIB a seulement crû d’un tiers et l’inflation est restée inférieure à 1,5% par an sur toute la période. Dans le même temps, le taux d’endettement des ménages et des entreprises non financières en France est passé de 83% à 134% du PIB Les bilans des banques montrent la financiarisation croissante de l'économie dans le monde Selon Adair Turner, qui dirigeait l’Autorité de supervision financière britannique au moment de la crise de 2008[4] : Si on observe un bilan bancaire typique des années 1960, on voit qu’en dehors des avoirs en obligations gouvernementales et en liquide, il était dominé par les emprunts et les dépôts des ménages et des entreprises. En Grande-Bretagne, les prêts à l’économie réelle, plus les obligations gouvernementales et les réserves à la Banque d’Angleterre, représentaient en 1964 plus de 90% des bilans bancaires agrégés. En 2008, l’interbancaire représentait bien plus de la moitié des bilans de la plupart des grandes banques au monde. Au niveau de la zone euro, le constat est le même comme noté dans le rapport Liikanen. Source Reforming the structure of the EU banking sector - Liikanen report, 2012 (tableau A.3.5, p.127)
Dans un récent article paru dans la revue Review of Economic Studies Source Òscar Jordà et al., Bank Capital Redux: Solvency, Liquidity, and Crisis, Review of Economic Studies, 2021.
Quid du hors bilan des banques ? Le bilan des banques ne représente qu’une partie de leur activité. Suivons toujours ce qui est expliqué sur le site du ministère de l’Economie qui définit ce qu'est le hors-bilan bancaire : Dans le hors bilan figurent des éléments qui pourront se traduire par des opérations financières mais ne le sont pas encore tels que des engagements de crédit irrévocables à accorder, des cautions, des achats et ventes de titres non encore enregistrés pour tenir compte des délais de règlement/livraison, des engagements liés à des instruments de financement à terme… Voici le hors bilan des établissements de crédit français en 2019 : Source Données du marché français de la banque 2019, ACPR (tableau T13)
Le poste le plus important du hors bilan des banques est le poste des engagements sur instruments financiers à terme, c'est-à-dire les opérations sur produits dérivés. Malgré une lente décroissance au cours des dernières années, les engagements sur instruments financiers à terme de l’ensemble des établissements de crédit représentent toujours plus de 51 000 milliards d’euros, soit plus de 5 fois la valeur totale de leur bilan. Parmi ces engagements sur dérivés, ce sont les opérations sur instruments de taux d’intérêt qui sont les plus importantes : 42 691 milliards d’euros pour l’année 2019. Cela représente 32,5 fois le montant total des crédits accordés par les banques à leurs clientèles. Ce chiffre est un indicateur frappant de l’activité des banques sur les marchés financiers. Annexe : bilan détaillé des établissements de crédit résidant en France Les tableaux ci-après sont issus de Les chiffres du marché français de la banque et de l'assurance 2019, ACPR Notes |