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FICHE Le shadow banking
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Le shadow banking
Finance & monnaie
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Le shadow banking, ou finance de l’ombre, désigne les activités ou entités financières qui exercent des activités proches de celles des banques sans être soumises aux mêmes régulations. Il comprend par exemple les fonds de titrisation qui ont été au cœur de la crise de 2008 ou les fonds spéculatifs (hedge funds). Si ce secteur ne réunit pas nécessairement des entités de dimension globale, il s’est étendu dans le monde entier. Un secteur opaque et risqué Sans entrer dans le détail d’un secteur d’une extrême complexité, contentons-nous de relever deux caractéristiques :
C’est cette interdépendance avec les banques qui est source d’inquiétude. La défaillance de ces entités pourrait mettre en difficulté des banques systémiques et par là même le secteur financier dans son ensemble. À la suite de la crise de 2008, les dirigeants du G20 ont estimé nécessaire de surveiller ce secteur et d’envisager sa réglementation. Ils ont chargé en octobre 2011 le Conseil de stabilité financière (CSF) Un secteur en expansion Dans sa mesure du système financier global, le CSF distingue d’un côté les acteurs bancaires (banques, banques centrales et institutions financières publiques) et de l’autre le secteur de l’intermédiation financière non bancaire (non-bank financial intermediation - NBFI), qui comprend les assurances, les fonds de pensions, les auxiliaires financiers et les autres intermédiaires financiers, (other financial intermediaries - OFIs). Ces derniers constituent la mesure large du shadow banking. Comme on peut le constater sur le graphique suivant, la part des OFIs n’a cessé d’augmenter dans le système financier global, passant de 21% en 2002 (environ 27 500 milliards de $) à 31% en 2019 (124 000 milliards de $). Source Ce graphique est issu du tableau de bord tenu par le Conseil de stabilité financière.
La mesure étroite du shadow banking est une sous partie des OFIs. Selon la définition retenue par le CSF, elle inclut les « entités financières non bancaires que les autorités ont évaluées comme étant impliquées dans des activités d'intermédiation de crédit pouvant présenter des risques de stabilité financière de type bancaire, sur la base de la méthodologie et des orientations de classification du CSF ». C’est donc là que se concentrent les risques posés pour le système financier. Selon cette mesure, le shadow banking est passé de 27 000 milliards d’actifs en 2006 (date à laquelle commence la série) à 57 000 milliards d’actifs en 2019. Dans les deux cas, cela représente environ 14% du système financier global. L’importance de défaire les liens entre les banques et la finance de l’ombre Comme l’expliquent Gunther Capelle-Blancard et Jézabel Couppey Soubeyran, le lobby bancaire développe un argumentaire « selon lequel plus on renforce la réglementation des banques, plus les banques transfèrent leurs risques vers les entités du shadow banking. Celles-ci étant par nature moins réglementées que les banques, la conclusion se veut la démonstration d’un formidable effet pervers : plus on régule (en renforçant la réglementation des banques), plus on dérégule (en favorisant l’essor du shadow banking). Or il n’y a pas de fatalité à voir le shadow banking devenir le déversoir des risques bancaires. C’est par les liens et connexions que les shadow banques et les banques traditionnelles entretiennent (lignes de crédit, prises de participation, échanges temporaires de titres contre des liquidités, etc.) que ces transferts de risques peuvent avoir lieu. Réduire ces liens, c’est donc réduire dans le même temps ces possibilités de transfert. Mais le régulateur n’a précisément guère cherché à les défaire. Le shadow banking s’est accru en profitant indirectement, via ces liens, des garanties publiques offertes aux banques. Mécaniquement, la coupure de ces liens réduirait l’essor du shadow banking, tout en préservant la diversité dont le système financier a besoin, notamment en matière de prise de risque. Des acteurs preneurs de risques sont utiles, l’important étant que ces derniers soient en capacité d’assumer les risques qu’ils prennent. » Notes |