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Fiche

Le shadow banking

Finance & monnaie
par Marion Cohen
publié le 4 mai 2021
Group 97
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Le shadow banking, ou finance de l’ombre, désigne les activités ou entités financières qui exercent des activités proches de celles des banques sans être soumises aux mêmes régulations. Il comprend par exemple les fonds de titrisation qui ont été au cœur de la crise de 2008 ou les fonds spéculatifs (hedge funds). Si ce secteur ne réunit pas nécessairement des entités de dimension globale, il s’est étendu dans le monde entier.

Sommaire

Un secteur opaque et risqué

Sans entrer dans le détail d’un secteur d’une extrême complexité, contentons-nous de relever deux caractéristiques :

  • Ce secteur est porteur des mêmes risques que les banques sans avoir les mêmes garde-fous : pas de capital minimum (à la différence des banques), pas de chambre d’enregistrement des produits, ni d’organe régulateur.
  • Les entités du shadow banking sont très proches des banques dont elles sont souvent des filiales. Quand elles sont indépendantes, elles sont liées aux banques traditionnelles par des opérations de financement, des lignes de crédit ou de liquidité, ou encore des investissements croisés.

C’est cette interdépendance avec les banques qui est source d’inquiétude. La défaillance de ces entités pourrait mettre en difficulté des banques systémiques et par là même le secteur financier dans son ensemble.

À la suite de la crise de 2008, les dirigeants du G20 ont estimé nécessaire de surveiller ce secteur et d’envisager sa réglementation. Ils ont chargé en octobre 2011 le Conseil de stabilité financière (CSF) noteshadow1 de réaliser un rapport d’évaluation annuelle des tendances et des risques mondiaux en matière d'intermédiation financière non bancaire. Ce rapport, publié depuis 2012 noteshadow2, est très utile car il permet non seulement de voir l’évolution du shadow banking mais aussi du système financier mondial dans son ensemble.

Un secteur en expansion

Dans sa mesure du système financier global, le CSF distingue d’un côté les acteurs bancaires (banques, banques centrales et institutions financières publiques) et de l’autre le secteur de l’intermédiation financière non bancaire (non-bank financial intermediation - NBFI), qui comprend les assurances, les fonds de pensions, les auxiliaires financiers et les autres intermédiaires financiers, (other financial intermediaries - OFIs). Ces derniers constituent la mesure large du shadow banking. Comme on peut le constater sur le graphique suivant, la part des OFIs n’a cessé d’augmenter dans le système financier global, passant de 21% en 2002 (environ 27 500 milliards de $) à 31% en 2019 (124 000 milliards de $).

Actifs financiers totaux 2002-2019
Source Ce graphique est issu du tableau de bord tenu par le Conseil de stabilité financière.

La mesure étroite du shadow banking est une sous partie des OFIs. Selon la définition retenue par le CSF, elle inclut les « entités financières non bancaires que les autorités ont évaluées comme étant impliquées dans des activités d'intermédiation de crédit pouvant présenter des risques de stabilité financière de type bancaire, sur la base de la méthodologie et des orientations de classification du CSF ». C’est donc là que se concentrent les risques posés pour le système financier.

Selon cette mesure, le shadow banking est passé de 27 000 milliards d’actifs en 2006 (date à laquelle commence la série) à 57 000 milliards d’actifs en 2019. Dans les deux cas, cela représente environ 14% du système financier global.

L’importance de défaire les liens entre les banques et la finance de l’ombre

Comme l’expliquent Gunther Capelle-Blancard et Jézabel Couppey Soubeyran, le lobby bancaire développe un argumentaire « selon lequel plus on renforce la réglementation des banques, plus les banques transfèrent leurs risques vers les entités du shadow banking. Celles-ci étant par nature moins réglementées que les banques, la conclusion se veut la démonstration d’un formidable effet pervers : plus on régule (en renforçant la réglementation des banques), plus on dérégule (en favorisant l’essor du shadow banking).

Or il n’y a pas de fatalité à voir le shadow banking devenir le déversoir des risques bancaires. C’est par les liens et connexions que les shadow banques et les banques traditionnelles entretiennent (lignes de crédit, prises de participation, échanges temporaires de titres contre des liquidités, etc.) que ces transferts de risques peuvent avoir lieu.

Réduire ces liens, c’est donc réduire dans le même temps ces possibilités de transfert. Mais le régulateur n’a précisément guère cherché à les défaire. Le shadow banking s’est accru en profitant indirectement, via ces liens, des garanties publiques offertes aux banques. Mécaniquement, la coupure de ces liens réduirait l’essor du shadow banking, tout en préservant la diversité dont le système financier a besoin, notamment en matière de prise de risque. Des acteurs preneurs de risques sont utiles, l’important étant que ces derniers soient en capacité d’assumer les risques qu’ils prennent. »

Pour en savoir plus

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Global Monitoring Report on Non-Bank Financial Intermediation, Conseil de stabilité financière, 2020
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Yamina Tadjeddine, Laurence Scialom, "Banques hybrides et réglementation des banques de l’ombre", Terra Nova, 2014
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Stijn Claessens, Lev Ratnovski , "What is Shadow Banking?", Working paper, FMI, 2014
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Jézabel Couppey-Soubeyran, Blablabanque, le discours de l’inaction, Editions Michalon, 2015

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Notes

noteshadow1

Créé lors du G20 de Londres en avril 2009, le Conseil de stabilité financière (CSF) est une organisation internationale qui a pour mission d’évaluer les vulnérabilités financières mondiales, d’émettre des propositions pour y faire face, et de promouvoir la coopération entre les différentes autorités de supervision financière. Hébergé à la Banque des règlements internationaux (BRI), il compte parmi ses membres des représentants des superviseurs et régulateurs nationaux et internationaux, ainsi que des institutions financières.

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noteshadow2

D’abord appelé Global Shadow Banking Monitoring Report, ce rapport s’intitule depuis 2019 Global Monitoring Report on Non-Bank Financial Intermediation. Toutes les éditions sont téléchargeables sur le site du CSF.

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